Voyant entrer des manifestants à l'Office national du tourisme tunisien hier à Paris, le directeur s'est offusqué: «Mais, ces bureaux sont une administration tunisienne!» «Justement», a répondu Robert Ménard, de Reporters sans frontières, qui organisait cette occupation pour la libération de Sihem ben-Sédrine, journaliste et porte-parole du Comité pour les libertés (non reconnu), arrêté il y a deux jours à l'aéroport de Carthage. «Derrière la carte postale de ce pays de vacances, il y a un régime répressif qui a un mépris total pour la liberté d'expression», a dénoncé Ménard, tandis que quelques personnes, se présentant comme de «simples citoyens tunisiens», tentaient de brutaliser les manifestants. Le journaliste indépendant tunisien Taoufik ben Brick, qui avait observé une grève de la faim d'un mois et demi l'an dernier pour obtenir la restitution de son passeport et le droit d'exercer son métier sans menaces ni intimidations, s'est joint aux protestataires.
«Il y a un silence du gouvernement français. Trouve-t-on normal qu'on emprisonne des journalistes simplement parce qu'ils informent?», a expliqué Ménard. La vitrine du bâtiment a été tapissée d'affiches sur lesquelles on lisait: «Tunisie: libérez Sihem ben Sédrine.»
Le 17 juin, Ben Sédrine avait témoigné contre la corruption sur la chaîne Al Mustiqualla basée à Londres. Son arrestation pour «fausses nouvelles de nature à troubler l'ordre public» avait été «condamnée avec la plus grande fermeté» par le PS français qui app