Belgrade envoyé spécial
Le transfert précipité de Slobodan Milosevic à La Haye, décidé par le Premier ministre serbe, Zoran Djindjic, divise la coalition réformiste au pouvoir et met en crise les institutions fédérales. La page est néanmoins tournée à la satisfaction d'une grande majorité de l'opinion publique. «Il aura des conditions de vie bien meilleures dans la prison du Tribunal pénal international que nous ici», ironise un ingénieur, qui doit se débrouiller avec 600 francs par mois pour nourrir sa famille. Les gros titres «Milosevic à La Haye» ou «Slobo au TPI» barrent la une de tous les journaux de Belgrade, mais la nouvelle n'alimente guère les conversations. «La façon dont cela s'est fait n'est pas très glorieuse, mais tout le monde est maintenant soulagé», souligne un étudiant qui participa aux manifestations de l'automne dernier qui renversèrent le régime. «La Serbie ne pouvait rester l'otage d'un tel personnage», explique le vice-Premier ministre Zarko Korac, leader de la petite Union sociale-démocrate, membre de la coalition du DOS au pouvoir. «Le plus important est que ce chapitre est clos. Nous pouvons enfin affronter maintenant les vrais problèmes de la consolidation de la démocratie et de la reconstruction du pays.»
La nuit du transfert de Milosevic, la télévision publique a passé en boucle les images des bombardements de l'Otan sur la Serbie, des colon nes de réfugiés, des charniers d'Albanais du Kosovo découverts ces dernières semaines près de Belgrade, afin