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Libération
Interview

«Pas de confiance totale avec les Russes»

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publié le 30 juin 2001 à 1h24

Anne de Tinguy, chercheuse au CNRS et au Ceri (Centre d'études et de recherches internationales), analyse les relations franco-russes à la veille de la visite du président Chirac, attendu dimanche en Russie pour trois jours. Sur les questions stratégiques qui devraient être abordées, Moscou a paru vendredi assouplir sa position, indiquant que le traité antimissile ABM, jugé «obsolète» par Washington mais considéré par Moscou comme la «pierre angulaire de la stabilité», pouvait être modifié.

Qu'attendre de cette visite?

Après le sommet d'octobre à Paris, elle marque le retour d'une amitié traditionnelle. Le froid intervenu dans les relations après l'élection de Vladimir Poutine (en mars 2000), lié aux critiques françaises sur le conflit tchétchène, est dépassé. Certes, les relations de Chirac avec Poutine seront moins faciles qu'avec Eltsine. Poutine n'a pas la même image qu'Eltsine, qui jusqu'au bout, malgré ses dérapages, a été porté par son image de défenseur de la démocratie, debout sur un char. Poutine, lui, reste l'homme de la guerre en Tchétchénie et du KGB. Mais son image n'est pas totalement négative: comparé à Eltsine, il incarne la jeunesse, le dynamisme et surtout le pragmatisme. Il est donc aussi un partenaire plus prévisible.

La France, longtemps boudée par Poutine, reste-t-elle un partenaire important?

Après l'Allemagne, c'est le second grand partenaire de Moscou en Europe. Les Russes apprécient les concordances de vue avec Paris sur les sujets internationaux, comm