Vieques envoyé spécial
Au bout d'un chemin escarpé, la «Grande Ile» de Porto Rico, distante de dix kilomètres, se profile entre nuage de poussière et reflets du soleil. La petite île-municipalité de Vieques aurait pu faire une destination touristique idéale. Le contraste n'en est que plus saisissant entre la végétation luxuriante d'un relief vallonné d'un côté et, de l'autre, au-delà des kilomètres de grillages et barbelés, les collines pelées par des cratères d'obus. Les deux tiers de l'île sont confisqués par l'US Navy et sa base de Roosevelt Roads. En cette fin juin, les exercices d'entraînement et de tirs ont repris pour onze jours. Réveillant l'ardeur des opposants à la Marine américaine.
A chaque reprise des bombardements, les groupes Amigos del Mar et Amigos de Vieques organisent quotidiennement des intrusions sur les terrains d'entraînement de la Marine, guidant des volontaires à travers le maquis jusqu'au lieu où ils serviront de boucliers humains contre les tirs de F 18 et de navires de guerre. Une cinquantaine de «désobéissants civils», au nombre desquels plusieurs personnalités politiques et artistiques, ont ainsi bravé le 30 avril les no trespassing («défense d'entrer») qui entourent la base, empêchant à plusieurs reprises la Navy de s'entraîner.
Ces jours-là, dans la maison en béton surmontée d'éoliennes qui domine le mont Carmelo, la dame en robe andalouse qui reçoit sur le pas de sa porte n'a pas le sourire. A l'intérieur de la maison, on s'agite : plusieurs jeu