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Libération

TPI, la justice des vainqueurs aux dépens des Serbes

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Beaucoup déplorent que Milosevic soit le seul leader yougoslave jugé à La Haye.
publié le 4 juillet 2001 à 23h58

Belgrade envoyé spécial

Beaucoup de Serbes sont restés cloués devant leur poste de télévision pour regarder la comparution au TPI de Slobodan Milosevic, retransmise en direct par la première chaîne publique, ou le canal indépendant B92 qui, depuis longtemps, tente de contraindre l'opinion à regarder en face les crimes du défunt régime. Encore plus ont continué leurs activités comme si de rien n'était. «Il nous a volé plus de dix ans de notre vie mais la page est tournée et je ne veux plus en entendre parler», explique un employé de banque résumant un état d'esprit assez général.

La capitale ne s'est pas arrêtée hier matin pendant les douze minutes où l'ex-maître de Belgrade s'est retrouvé pour la première fois face à ses juges. «La plupart des Serbes reconnaissent désormais la réalité des atrocités commises, mais je crois en revanche qu'ils n'ont pas changé d'opinion sur le TPI. Comme d'ailleurs les Croates et même les Bosniaques qui ont pourtant été les principales victimes des crimes, ils restent très sceptiques face à cette cour, critiquant son absence de trans pa rence comme le caractère politique de certaines mises en accusation», explique l'avocat Nikola Barovic. Engagé de longue date dans la défense des droits de l'homme, celui-ci reste l'un des rares juristes serbes à souligner que cette Cour internationale «malgré ses évidents défauts, a au moins le mérite d'exister». Pour la plupart de ses collègues, la cause est entendue : cette justice est celle des vainqueurs et e