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Libération

Manifestation à hauts risques en Algérie

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La marche des comités de village de Kabylie maintenue aujourd'hui à Alger malgré l'interdiction.
publié le 5 juillet 2001 à 23h59

Les administrations ont été les premières à fermer. Puis les magasins. Les voitures ont peu à peu arrêté de circuler. Vers midi, les rues étaient désertes «mais dans chaque maison, l'air était presque irrespirable tant les gens sont sur les nerfs», dit un enseignant de Tizi Ouzou (contacté au téléphone, comme tous nos interlocuteurs: Libération n'a toujours pas de visa pour l'Algérie). Hier, la grève générale très suivie en Kabylie paraissait un prélude ­ «comme on retient son souffle», note un associatif ­ avant la marche des comités de village, aujourd'hui à Alger. Après deux mois et demi d'émeutes en Kabylie, puis dans l'est et la capitale, plus de 120 tués par les forces de sécurité, cette manifestation prévue pour le 5 juillet, jour symbolique de l'Indépendance, prend l'allure d'un affrontement annoncé. «Et s'il y a un prix, je ne vois pas qui d'autre que nous le paiera à nouveau, reprend l'enseignant. On est comme poussé à la guerre.»

D'un côté donc, le gouvernement a répété son interdiction de toute marche dans la capitale et, dès hier, des barrages policiers en bouclaient les accès. En face, les comités de village de Kabylie ont maintenu leur mouvement, sous la forme la plus dure: environ deux mille délégués de la région, appuyés par des représentants d'une dizaine d'autres willayas (préfectures) feront non seulement un défilé mais celui-ci ira jusqu'à la présidence, point d'arrivée qui a toujours été considéré comme une «provocation» par les autorités.

Entre les deux