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Libération

Un écran de liberté affole la Tunisie.

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Des opposants au régime de Ben Ali s'expriment sur une télé à Londres.
publié le 5 juillet 2001 à 23h59

Installée à Londres, Al-Mustiquilla est une «pauvre chaîne» de télévision, dit son patron Mohamed Elhachmi-Hamdi. Les employés, une vingtaine, font à peu près tout, interviews, montage, standard. Le décor des émissions est «tellement merdique, une carte de géographie en trois couleurs et de gros meubles d'artisanat tunisien, que j'ai demandé à ce qu'il soit changé lorsque j'ai été invité», raconte le journaliste tunisien Taoufik Ben Brick. Mais chaque dimanche depuis deux mois, la Tunisie devient folle en orientant les satellites. Là, à l'heure paisible du déjeuner, se déroule en direct le feuilleton vrai de la répression, où tous les opposants, persécutés à en devenir des parias dans leur propre pays, passent en revue les tabous absolus du régime, de la corruption aux élections.

Dernière chance. «Une chaîne nuisible au pays», a commencé par hurler le ministre de la Communication. L'Audimat a encore bondi. Puis, à la mi-juin, les autorités passent à l'acte : coup sur coup, deux invités d'Al-Mustiquilla (l'Indépendante) sont emprisonnés, notamment la journaliste Sihem Bensédrine qui comparaît aujourd'hui devant un juge d'instruction à Tunis. Cette brutalité, loin de décourager, «a provoqué une sorte de bousculade pour venir s'immoler en direct, raconte un opposant. Alors qu'on avait l'impression d'avoir tout essayé pour se faire entendre, nous vivons cela comme une dernière chance». Depuis, devant le poste, c'est l'émeute.

Au départ pourtant, Al-Mustiquilla a plutôt provoqué un