Un barrage. Deux barrages. Sept barrages. Pour qui empruntait hier la nationale 5, axe principal entre la Kabylie et Alger, il était impossible de s'approcher de la capitale. «Tout ce qui roulait et portait une plaque minéralogique de Tizi Ouzou ou Bejaïa était systématiquement fouillé», raconte un boulanger (1). Des policiers en armes, avec chiens et caméras, appuyés par des petits chars de l'armée, bloquent ceux qui transportent un signe «laissant supposer qu'ils vont à la manifestation» prévue à midi dans la capitale: banderole, badge, «et même le drapeau algérien, un comble le 5 juillet, jour de la fête nationale», rapporte un refoulé. A partir de Naciria et Thenia, à une cinquantaine de kilomètres d'Alger, des centaines de voitures se retrouvent engluées, avec à leur bord la grande majorité des 3000 représentants des comités de villages (arch) de Kabylie, qui appelaient à la marche et devaient constituer le gros du bataillon. Vers quinze heures, deux hélicoptères survolent ce qui devait être une manifestation mais restera un embouteillage. «Dispersez-vous. Votre conduite est illégale», hurle depuis le ciel un mégaphone.
Pendant ce temps, sur la place du 1er Mai à Alger, départ théorique du cortège interdit par les autorités, 800 délégués venus des Aurès, de l'Est ou de l'Algérois par d'autres itinéraires, attendent sous les banderoles ballantes. «Si les autres n'arrivent pas, nous n'irons pas déposer nos revendications à la présidence et nous ferons un sit-in», clame l'u