Johannesburg
de notre correspondante
«On a passé toutes ces années dans la brousse à nous battre contre l'apartheid, et c'est toujours le même petit Blanc qui nous donne des ordres...» Le capitaine Moses Maisela a du mal à contenir sa colère. Dans son appartement du bloc des officiers célibataires, dans la caserne de Nelspruit, une ville du nord-est de l'Afrique du Sud, il sert bières et brandy à ceux qu'il appelle ses «camarades». Ils sont tous issus, comme lui, des anciennes branches armées des mouvements de libération: Umkhonto we Sizwe (MK, le Fer de lance de la nation) pour le Congrès national africain (ANC) et l'Armée de libération du peuple azanien (Apla) pour le Congrès panafricain (PAC). «Nous venons d'armées informelles, explique l'un d'entre eux. Nous avons appris à nous attaquer à de petites cibles avec de petites armes, sans salaires, sans paperasse, sans procédures.» Preuve de la liberté d'esprit qui leur est restée, ces hommes n'hésitent pas à transgresser l'interdiction de parler à la presse, édictée après les événements de Tempe.
Fusillade. Tempe, la base de Bloemfontein, au centre du pays, a été le théâtre du premier drame racial de l'armée. Le lieutenant noir Sibusiso Madubela, ancien membre de l'Apla, a pris son arme et tué huit Blancs, le 16 septembre 1999, avant d'être lui-même abattu. Confrontées à la première faille visible de ce qui passe encore pour un modèle d'intégration, les autorités militaires ont voulu dédramatiser. Et verrouiller leur communicat