Camlough (comté d'Armagh)
envoyé spécial
Le bruit des pales qui fauchent l'air humide est incessant. Leslie soulève le rideau de mousseline et regarde passer l'hélicoptère au-dessus des haies vives. L'appareil militaire, peint en vert-de-gris, se rapproche du village, s'immobilise un court instant, repart vers la frontière, puis revient comme s'il cherchait quelque chose. «Ça a encore duré une bonne partie de la nuit», grommelle ce militant républicain.
A Camlough, une bourgade nichée dans un vallon à deux pas de la république d'Irlande, rien n'a vraiment changé depuis l'accord de paix d'avril 1998. «Il y a sans doute un peu moins de patrouille qu'avant.» Pas plus tard que la veille, Leslie a été arrêté à un barrage. Il avait oublié son permis de conduire. «Ils m'ont laissé passé. Je suis un peu trop vieux pour être un terroriste», dit-il en riant.
Tours d'observation. C'est l'un des trois dossiers actuellement en négociation. L'IRA, l'Armée républicaine irlandaise, refuse de mettre ses arsenaux «hors d'usage» tant que les soldats de Sa Majesté continueront de battre les campagnes. Par le biais de son aile politique, Sinn Féin, elle réclame surtout l'arrêt des vols d'hélicoptères et le démantèlement des tours d'observation qui permettent d'épier les moindres faits et gestes des populations. Sur chacune des deux montagnes voisines, au milieu de la bruyère et des fougères, se dresse une masse sombre et carrée, haute d'une quinzaine de mètres et hérissée d'antennes. Des yeux et des