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Libération

La chasse aux sorciers fait des ravages au Kivu

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Plus de mille morts près d'Aru, à la frontière ougandaise.
publié le 18 juillet 2001 à 0h06

La guerre, en république démocratique du Congo, fait des ravages insoupçonnés. Depuis le 15 juin, la région d'Aru, dans le nord-est du pays, à la frontière de l'Ouganda, est en proie à une «chasse aux sorciers» qui a déjà fait un millier de morts. L'armée ougandaise a dû se déployer dans la région pour mettre fin à la tuerie. Plus de 70 personnes ont été arrêtées. Elles sont détenues dans un camp militaire où sont aussi réfugiés 200 habitants soupçonnés de sorcellerie et venus chercher protection.

Sortilège. Tout a commencé dans la région d'Aru, où la croyance dans le pouvoir des sorciers reste très forte. Selon des sources ougandaises, la première victime de cette hystérie antisorciers est un professeur sur lequel on aurait découvert une liste de noms de personnes récemment décédées dans des conditions suspectes. Or, dans la région d'Aru, on ne meurt jamais sans cause, de mort naturelle, surtout lorsqu'il s'agit d'un homme dans la force de l'âge, d'un enfant ou d'une femme en couches. Le vrai problème n'est pas de savoir de quoi quelqu'un est mort mais par la volonté de qui, à la suite de quelle vengeance. Une fois l'origine du mal identifiée, il suffit de faire intervenir un sorcier «amical» qui brisera le sortilège. Ainsi va la vie dans le nord-est du Congo.

Mais, comme justement rien ne va plus dans l'ex-Zaïre, même la sorcellerie a perdu la tête. La maladie, la mort, la famine ont tout ravagé après trois ans de guerre civile où des groupes rebelles, armés par le Rwanda, l