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Libération

L'enquête qui accable Milosevic

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Un policier serbe recherche les preuves impliquant l'ancien président dans les charniers d'Albanais du Kosovo en Serbie.
publié le 20 juillet 2001 à 0h07

Belgrade envoyé spécial

Un pistolet-mitrailleur est posé à côté de l'ordinateur, et au fond du bureau s'entassent une demi-douzaine de toiles italiennes du XVIIIe siècle volées en Suisse puis récupérées à Belgrade qui attendent d'être restituées à leur légitime propriétaire. Chef adjoint de la police criminelle chargée de la lutte contre le crime organisé, Dragan Karleusa, 53 ans, consacre pourtant désormais l'essentiel de son temps à enquêter sur les charniers d'Albanais du Kosovo mis à jour ces dernières semaines en Serbie (Libération du 3 juillet). Il y aurait au moins mille corps, peut-être encore plus, répartis dans divers sites, notamment près de la capitale.

Atrocités. «On croyait chasser un lièvre, on a levé un loup», explique avec un large sourire ce rouquin râblé, fou de ski nautique et de plongée sous-marine, qui est en passe de devenir le «flic» le plus célèbre du pays. Ses investigations mettent en effet directement en cause Slobodan Milosevic qui aurait personnellement donné l'ordre, en mars 1999, dans les premiers jours de la guerre du Kosovo, d'enlever ces corps dans des camions frigorifiques et de les enterrer loin du théâtre des opérations alors que les forces de Belgrade chassaient par la terreur des dizaines de milliers de civils vers la frontière albanaise. C'est une enquête cruciale car elle démontrerait que l'ex-président yougoslave, inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité par le Tribunal pénal international, savait ce qui se passait s