Pasuruan (Java-Est)
envoyé spécial
Cela fait six heures que des dizaines de milliers d'étudiants islamiques et de paysans sont assemblés le long de la voie étroite qui mène au pesantren Besuk, l'une des 200 écoles coraniques de Pasuruan, la ville sainte de Java-Est. Malgré le soleil de plomb, personne ne s'impatiente dans cette foule en sarongs qui déguste épis de maïs et brochettes sous le regard martial des banser, les miliciens de l'organisation musulmane Nahdlatul Ulama. Ils espèrent entrevoir Adurrahman Wahid, «leur» président, qui en cette fin du mois de juin visitait son fief de Java-Est.
La Volvo présidentielle passe, freinée par la foule qui se resserre. Les banser se raidissent. Les ovations fusent. «Gus Dur» comme tout le monde ici surnomme le Président rentre chez lui. Plus tard, il est reçu par les kyai, les leaders islamiques de toute la région, qui se prosternent pour lui baiser la main. L'un d'eux déclare son espoir qu'Abdurrahman Wahid reste président «jusqu'en 2004 et si possible jusqu'en 2009». Wahid rayonne. Cet accueil princier le change des invectives du Parlement de Djakarta, à 800 km de là, qui réclame sa destitution (lire encadré ci-dessous).
Lien personnel. Cette pointe orientale de l'île de Java abrite le noyau dur des partisans d'Abdurrahman Wahid. Et ce soutien est particulièrement véhément à Pasuruan, l'un des foyers du Nahdlatul Ulama, l'organisation musulmane traditionnelle dirigée par Wahid avant qu'il devienne président en octobre 1999. Fin