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Libération

Le grand exode des Allemands de l'Est

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Chômage et manque de perspectives poussent les gens à partir à l'Ouest.
publié le 23 juillet 2001 à 0h08

Eisleben envoyée spéciale

Blanc crème, bleu pastel, rose bonbon... les façades d'Eisleben, petite ville d'Allemagne de l'Est plus connue sous le surnom de «ville de Luther», font presque pouponnière. Comme toutes les cités de l'ancienne RDA, la ville où naquit et mourut le père de la Réforme (1483-1546) a profité de l'unification pour se refaire une beauté. Les centaines de touristes qui se déversent chaque jour par cars entiers sur les traces de l'illustre moine découvrent une ville de plus en plus coquette, mais de moins en moins peuplée. Comme toute l'ancienne RDA, Eisleben se vide de sa population.

De toute l'Union européenne, cette région de Halle est même celle qui s'est le plus fortement dépeuplée: elle a perdu 0,77 % de population par an entre 1994 et 1998, alors qu'en moyenne la population de l'UE augmentait au rythme de 0,23 % par an, selon une récente étude d'Eurostat. Seule une région portugaise, l'Alentejo (-0,69 %), s'intercale parmi ces régions est-allemandes de Halle, de Dessau, de Chemnitz ou de Magdeburg, records d'Europe du dépeuplement. A Eisleben, plus de 14 % de la population a disparu depuis 1992 (de 25 000 en 1992, le nombre d'habitants est tombé à 21 500 en 1999). Et le pire est peut-être à venir: «D'ici à 2015, on nous prédit une nouvelle perte de 14 % de la population, soupire Heidrun Melhose, directrice des services sociaux de la ville. Si nos hommes politiques ne font rien pour assurer des emplois ici, tous nos problèmes ne vont faire qu'empirer.»