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Libération

Odyssée belge chez les Papous.

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Incertitude sur le sort d'un Flamand et d'un Wallon, enlevés en Irian Jaya.
publié le 25 juillet 2001 à 0h10

Bruxelles envoyée spéciale

Combien en ont-ils entendu de ces blagues-là? Avant leur départ de Belgique, il n'y avait pas une soirée où ne finisse par rouler sur la table, entre bons mots et bonnes bouteilles, une de ces histoires drôles. Toutes commençaient de la même façon: «Et tu connais celle des deux Belges chez les cannibales...» Philippe Simon et Johan Van den Eynde sont le genre de voyageurs pour lesquels on ne se tracasse pas plus que ça quand ils préparent leur sac. Tous deux ont presque 50 ans et parcouru à pied les endroits les plus inaccessibles du monde. En mai, ils partent pour la seconde fois en Irian Jaya, partie occidentale de la Nouvelle-Guinée sous domination indonésienne. Ils veulent retrouver «ce rêve un peu fou d'un pays sans route, sans commerce, où vivent à l'état de nature 500000 de sauvages papous», symbole «d'innocence et de liberté».

A la mi-juin, à Courtrai, où il est conseiller financier, Piet Van Eynde, le frère de Johan allume la radio. Deux Belges disparus chez les Papous. «C'est comme un conte dont il faudrait trouver la clé: comment toute leur vie a conduit Philippe et Johan à devenir les captifs de ceux qu'ils aiment et défendent», dit Joseph, un de leurs amis.

Bouquiniste à Bruxelles, Philippe Simon voyage pendant trente ans. Mais peu à peu, sous diverses tropiques, sa carcasse d'homme blanc lui est devenue un fardeau, «cette détestable position du civilisé complexé face au bon sauvage, dit-il. La marche m'a sorti de là». Une de ses amies se