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Libération

Egypte: cabale judiciaire contre une féministe

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Nawal al-Saadawi pourrait voir son mariage annulé.
publié le 28 juillet 2001 à 0h11

Le Caire de notre correspondante

En accordant une interview il y a trois mois à l'hebdomadaire indépendant Al-Midan, la féministe égyptienne Nawal al-Saadawi n'imaginait pas qu'elle mettait sa vie en jeu. Ses crimes? Avoir déclaré que le pèlerinage à La Mecque était un vestige du paganisme. Avoir soutenu que le port du voile n'avait pas grand-chose à voir avec les enseignements de l'islam. Avoir réaffirmé avec force son opposition à la loi religieuse sur l'héritage, accordant à l'homme le double de la part de la femme. Des propos jugés anti-islamiques par le grand mufti d'Egypte, cheikh Nasr Farid Wassel.

Une occasion en or pour Nabih el-Wash, avocat avide de célébrité, qui a aussitôt intenté une action en justice contre la féministe pour apostasie. Une procédure rendue possible par la hesba, loi coranique autorisant tout musulman à engager des poursuites légales contre tout coreligionnaire nuisant à l'islam. Le tribunal des affaires familiales du Caire doit trancher le cas le 30 juillet. Nawal al-Saadawi crie à la cabale et affirme que ses propos ont été tirés de leur contexte.

Permis de tuer. L'enjeu est en effet de taille. Si elle est reconnue apostate, Nawal al-Saadawi sera divorcée de force de Sharif Hatata, son mari depuis trente-six ans. Pire, la dernière décennie a montré qu'en Egypte l'accusation d'apostasie va bien au-delà d'une annulation de mariage ou d'une ex com munication. Dans certains milieux intégristes, elle est perçue comme un permis de tuer. L'écrivain Fara