Abidjan de notre correspondante
Le procès de huit gendarmes qui s'ouvre ce matin à Abidjan s'annonce périlleux. Outre la qualité militaire des accusés (sept sous-officiers et un commandant, qui comparaissent libres), il y a la gravité des faits: le 27 octobre 2000, quelques jours après une élection présidentielle violemment contestée, 57 cadavres sont découverts entassés sur un terrain vague à la lisière de Yopougon, un quartier populaire de la capitale. Les corps de ces hommes jeunes sont dénudés, des balles et des douilles jonchent le sol.
Représailles. Les victimes sont tous des musulmans de l'ethnie dioula, étrangers ou originaires du nord de la Côte-d'Ivoire, le bastion de l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara privé d'élections car accusé d'être de «nationalité douteuse» et dont les partisans exigent l'annulation du scrutin que vient alors de remporter le socialiste Laurent Gbagbo. Témoins et rescapés du charnier accusent un escadron de la gendarmerie de s'être livré à une opération de représailles politico-ethniques, après la mort d'un lieutenant dans un quartier tenu par les militants ouattaristes. Une version globalement confirmée par l'instruction judiciaire et par plusieurs enquêtes internationales, notamment celle de l'ONU.
«Meurtris et déçus». Aujourd'hui, neuf mois après les événements, le procès des présumés auteurs du massacre rouvre des plaies mal cicatrisées. Dans un contexte de méfiance générale, la décision du tribunal, la semaine dernière, de ne retenir qu