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Libération

Sudètes: le spectre d'un retour des Allemands.

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La République tchèque s'oppose aux exigences des expulsés allemands de 1945 qui réclament leur retour ou des compensations.
publié le 31 juillet 2001 à 0h12

Karlovy Vary envoyé spécial

A l'entrée d'Ostrov, on ne peut pas la manquer. Imposante dans son architecture fin XIXe, cossue, bien restaurée, c'est la seule maison à l'allure vraiment bourgeoise de cette triste bourgade à l'ouest de la République tchèque, perdue au coeur de l'ancien pays des Sudètes. La frontière de la Saxe n'est qu'à quinze kilomètres de là et, à part les nombreuses Mercedes allemandes stationnées sur le parking du supermarché, rien n'anime les rues humides de cette banale commune, dont l'ancien nom, Schlakenwerk, à l'époque où 90 % de ses habitants étaient allemands, semble définitivement rayé des mémoires.

«Notre patrie». Honza, étudiant tchèque de 20 ans et fils du couple de médecins de la ville, sait pertinemment que la maison de ses parents a autrefois appartenu à des Allemands, à ces Sudetendeutschen (Allemands des Sudètes) expulsés du pays manu militari au lendemain de la guerre, car jugés collectivement coupables d'avoir soutenu l'occupation nazie. Une bonne majorité d'entre eux l'a effectivement fait. Tous ont été obligés d'abandonner tous leurs biens derrière eux. S'inquiète-t-il des récentes demandes d'indemnisation formulées par les associations de défense des Allemands des Sudètes, fortement implantées en Allemagne et en Autriche? Voire, d'un éventuel procès en restitution qu'intenteraient les descendants des anciens propriétaires spoliés? «Non, pourquoi aurais-je peur? Mes parents ont acquis cette maison en toute légalité, il y a dix ans, et l'o