Hu Deng Shuang, le jeune imam de Zhang Jia Shu, un village montagneux de 1 200 âmes dans le nord-ouest de la Chine, sert du thé fait à partir de la neige fondue stockée pendant l'hiver. «Avec de l'eau, on pourrait avoir une vie normale ici», dit-il, dans sa maison décorée de photos de La Mecque et de... paysages de bord de mer. Ici, dans le sud de la région autonome du Ningxia, c'est le pays de la soif: un manque d'eau chronique qui a fait décréter cet endroit impropre à la vie humaine. Au point que, parfois, pour économiser l'eau, l'imam doit faire ses ablutions précédant ses cinq prières quotidiennes à l'aide de sable...
Trois millions de personnes vivent pourtant dans cette région connue sous le nom de Xi-Hai-Gu (du nom des districts de Xiji, Haiyuan, Guyuan, Pengyang et Tongxin), la plus pauvre de Chine; trois millions de Hui, Chinois musulmans, dont le quotidien est une lutte constante pour la survie. Leur revenu annuel: environ 400 yuans (55 euros). Ici, on est loin des métropoles florissantes comme Shanghai ou Pékin: même les miettes du développement fulgurant de l'Est chinois ne sont pas parvenues. Ce Far West-là est généralement oublié par les riches et lointains décideurs du pouvoir central: trop petit, trop loin, trop sage...
Mémoire. C'est de cette région et de ce peuple menacés que Wang Zheng a choisi de conserver la mémoire photographique. Cette région et ce peuple, ce sont d'abord les siens. Il est né il y a trente-neuf ans dans le district de X