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Libération

Du sang contaminé avoué par Pékin

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Pour la première fois, le silence sur le scandale du sida est levé.
publié le 10 août 2001 à 0h23

Après avoir tout fait pendant près d'un an pour étouffer l'affaire, le gouvernement chinois commence à admettre implicitement l'existence d'un scandale du sang contaminé sans précédent dans les campagnes de la province du Henan. Le Quotidien du Peuple a reconnu hier que «certains individus» et des «banques du sang» avaient acheté «de grosses quantités» de plasma sanguin aux paysans du Henan au milieu des années 90, «provoquant le développement du virus du sida parmi les donneurs rémunérés». Cette nouvelle version officielle distillée par l'organe du PC chinois, qui minimise l'affaire, ne publie aucun chiffre.

«Glorieux». Or, selon des estimations privées, des centaines de milliers de personnes, voire un million, auraient été contaminées par le sida. Le journal assure en outre que ces ban ques du sang opéraient à l'époque en toute illégalité.

Or, ainsi que l'enquête effectuée par Libération (lire article du 14 juin) le montrait, la fatalité n'a pas grand-chose à voir avec cette catastrophe. Ce sont les autorités sanitaires de la province qui avaient décidé au début des années 90 de promouvoir ces achats de sang. Elles avaient même envoyé des missions aux Etats-Unis pour tenter une percée à l'exportation en faisant justement valoir que le sida était inexistant au Henan. Un slogan avait été lancé à l'époque: «Donner son sang est glorieux.» Les banques de sang prélevaient des centaines de donneurs à la fois, puis mélangeaient le sang avant d'en extraire du plasma, revendu aux hôpi