Le visage plus rond, bronzé, mangé par une barbe poivre et sel qui lui donne un air vaguement philosophe, Al Gore a fait ce week-end son retour politique depuis sa défaite électorale du 20 novem bre. Un retour plutôt discret: il a répondu samedi aux questions de jeunes gens intéressés par une carrière politique, lors d'une conférence fermée à la presse, à Nashville dans son Tennessee. «Tous ceux qui sont dans cette pièce vont être actifs au côté de leurs partis et de leurs candidats lors des prochaines élections [au Congrès] de 2002, y compris moi», a-t-il déclaré, confirmant pour la première fois qu'il n'avait pas renoncé à la politique. Et aujourd'hui, Al Gore ira former 25 jeunes cadres du Parti démocrate aux techniques de campagne électorale.
Jusque-là, Al Gore s'était tenu à l'écart du jeu politique, se gardant de critiquer George W. Bush, y compris sur son grand dada: l'environnement. Il a donné des cours dans plusieurs universités, écrit un livre avec son épouse Tipper, voyagé en Europe. Et s'est façonné cette tête à la Orson Welles.
Les médias américains se sont beaucoup interrogés sur le «sens» de la barbe, se demandant si elle ne signalait pas la fin des visées présidentielles de Gore: aucun candidat barbu n'a gagné l'élection présidentielle depuis Rutherford B. Hayes en 1877. Les électeurs démocrates semblent en tout cas désireux d'assister à une seconde manche Gore-Bush: selon un récent sondage Gallup, 65 % d'entre eux souhaitent le retour dans l'arène de la présid