Menu
Libération

Chasse aux homosexuels en Egypte

Article réservé aux abonnés
52 hommes, raflés dans un club gay, risquent jusqu'à cinq ans de prison.
publié le 15 août 2001 à 0h25

Le Caire de notre correspondante

Homos et Egyptiens. Un trop grand crime pour les 52 hommes arrêtés le 11 mai, lors d'une descente de police au Queen Boat, restaurant prisé de la communauté gay du Caire. Bien que l'homosexualité ne soit pas explicitement interdite par la loi égyptienne, elle est considérée par la population comme «la plus grande des perversions».

Depuis un an, la chasse aux homosexuels s'est intensifiée en Egypte. En février, la justice condamnait à de lourdes peines de prison deux hommes coupables d'avoir «porté atteinte à l'image de l'Egypte» en créant un site Internet gay. Pour nombre d'observateurs, cette campagne serait l'un des effets de l'entrée des Frères musulmans au Parlement lors des législatives d'octobre 2000.

Les 52 prévenus du Queen Boat sont accusés d'avoir «formé un groupe religieux déformant les versets du Coran» et de pratiquer la sodomie lors de leurs rituels, ce qui est, selon la loi, «une offense à la morale et à la sensibilité publiques». Une accusation largement relayée par la presse, qui dénonce des «pratiques sataniques» inspirées par l'Occident. Deux jours après l'arrestation, le quotidien gouvernemental Al-Gomoreya publiait le nom et l'adresse professionnelle des «pervers», livrant leurs familles à la vindicte populaire. Cette affaire a suscité dans le pays une énorme vague d'indignation et d'homophobie. De quoi détourner l'attention des Egyptiens de leurs problèmes économiques et sociaux.

Ouvert le 15 juillet devant la Cour de sécuri