Jour après jour, le Zimbabwe s'enfonce dans la crise et rien ne semble pouvoir stopper le président Robert Mugabe dans sa fuite en avant. Le pouvoir a décidé de faire appel à l'armée pour accélérer la mise en oeuvre de la réforme agraire qui prévoit la redistribution de 9,5 millions d'hectares possédés par des Blancs au profit de paysans sans terre. Au Zimbabwe, les 5300 exploitations agricoles blanches concentrent 70 % des terres les plus fertiles. Mais cette injustice sociale est devenue une arme politique depuis que Robert Mugabe, âgé de 77 ans, a décidé de faire de la question foncière un cheval de bataille dans la perspective de la présidentielle d'avril 2002. Il reproche en effet à la communauté blanche de soutenir son principal adversaire, Morgan Tsvangirai, leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Lequel accuse Mugabe de tout faire pour instaurer l'état d'urgence, ce qui lui permettrait de reporter le scrutin sine die.
Au début de l'année 2000, une première vague d'expropriations menée par des «vétérans» de la guerre d'indépendance avait causé une vingtaine de morts chez les fermiers blancs. Les législatives, qui avaient suivi au printemps 2000, avaient été remportées par le parti présidentiel, le Zanu-PF, au prix de fraudes et de violences.
Pillages. La décision du gouvernement de rallonger la liste des fermes expropriées en juin a remis le feu aux poudres dans les campagnes. La semaine dernière, des heurts violents ont opposé fermiers et occupants d