Depuis le début de l'année, les milices d'extrême droite multiplient les coups contre la guérilla guévariste de l'ELN (Armée de libération nationale). Nées dans les années 80, financées par des narcotrafiquants et des grands propriétaires pour les protéger de la guérilla, elles sont regroupées depuis 1997 sous le nom d'Autodéfenses unies de Colombie (AUC) et comptent quelque 8000 hommes. On leur impute la responsabilité de 70 % des massacres de civils commis l'an dernier et la moitié des déplacements de population. Elles ont souvent bénéficié de la passivité, voire de la collaboration de l'armée. Carlos Castaño, leur principal chef, a récemment cédé le commandement à une junte plus dure qui menace de s'attaquer au gouvernement, accusé de «sympathiser avec la guérilla».
Depuis, c'est l'escalade. De plus en plus acculés, les guérilleros ont durci leur position dans les négociations avec le président Pastrana, exigeant le «nettoyage» des forces paramilitaires de la zone promise à être démilitarisée (une enclave de 4000 km2, au sud du département de Bolivar). Le 7 août, arguant du «manque de volonté de paix de la guérilla», le chef de l'Etat a suspendu le dialogue engagé en octobre 1999. Jeudi, le président Pastrana, passant outre les objections de groupes de défense des droits de l'homme, a signé une loi renforçant les pouvoirs des militaires combattant la guérilla. La «loi de guerre» donnera à l'armée des pouvoirs spéciaux sur les autorités civiles pendant les opérations antigu