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Libération

Terreur paramilitaire en Colombie

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Les milices d'extrême droite ont investi Barrancabermeja, ex-fief de la guérilla.
publié le 20 août 2001 à 0h26

Barrancabermeja envoyé spécial

Quand ils ont fait irruption dans sa maison d'un quartier populaire de Barrancabermeja, Daniel regardait la télévision. Son fils de 3 ans s'est mis à hurler. «Laissez-moi le temps de passer une chemise», a-t-il demandé, pistolet sur la tempe. Les paramilitaires d'extrême droite ont emmené le militant des droits de l'homme, caché dans une voiture, jusqu'à un terrain vague au bord du fleuve Magdalena. Là, dans la chaleur moite des derniers jours de mars, pleuvent les insultes et les coups, de fouet, du plat de la machette. «Ils me criaient que nous, les associations, les syndicalistes, nous étions la plaie du pays. Ils ont voulu me brûler vif, puis me découper en morceaux.»

Offensive sanglante. Les paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC) entamaient alors le troisième mois d'une offensive sanglante dans le port fluvial pétrolier de Barrancabermeja, jusque-là bastion de l'Armée révolutionnaire de libération (ELN), guérilla vieille de trente-cinq ans. «Ils veulent faire disparaître la guérilla mais aussi tout ce qui ressemble à une organisation sociale», raconte Daniel, aujourd'hui réfugié à Bogota. Il doit à un appel sur le portable du chef «para» de ne pas avoir rejoint la liste des plus de 200 tués dans la ville depuis janvier. «Je ne sais pas qui l'appelait, mais il a raccroché en jurant et m'a relâché. J'ai fui aussitôt.»

Alors que Daniel quittait la ville, les paramilitaires consolidaient leur emprise sur neuf dixièmes de Barranca