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Libération

Sierra Leone, pays sous perfusion

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La présence massive de l'ONU entame la crédibilité du gouvernement élu.
publié le 21 août 2001 à 0h26

Freetown envoyée spéciale

Après dix ans de guerre civile, que reste-t-il de l'Etat sierra-léonais? Rien ou presque. Alors que le processus de désarmement, enclenché en mai, suit son cours, cette ex-colonie britannique, patrie des premiers esclaves britanniques affranchis et indépendante depuis 1961, survit sous perfusion internationale. Le pouvoir politique n'est que l'ombre de lui-même. La reprise en main par les Nations unies, arrivées en force pour éviter le naufrage, a achevé de lui ôter toute autorité.

Minimum vital. Bien que légitimement élu en mars 1996, le président Ahmed Tejan Kabbah ne «règne» que sur 40 % du territoire: le reste se trouve toujours sous le contrôle des rebelles du Front révolutionnaire uni. Une bonne partie du pays est en ruines, des centaines de milliers d'habitants (sur une population de 4,7 millions) vivent coupés de toute aide. L'administration et les services publics (écoles, hôpitaux, dispensaires) ont cessé de fonctionner depuis des années dans tout l'Est et le Nord, les zones riches en diamants tenues par la rébellion. Le conflit a épuisé les ressources de l'Etat. En quelques années, la Sierra Leone est devenue le pays le plus pauvre du monde (1): le PIB est en chute libre et tous les indicateurs de développement (alphabétisation, espérance de vie, mortalité infantile) sont dans le rouge. La guerre a aussi anéanti toute politique sociale et des dizaines d'organisations non gouvernementales (ONG) sierra-léonaises, et surtout étrangères, fourni