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Man, une île à guichets ouverts

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Gros rocher couvert de banques au large de la mer d'Irlande, l'île de 75 000 âmes reste une «dépendance de la Couronne».
publié le 22 août 2001 à 0h27

Le seigneur de Man trône au sommet de la colline, son sabre scandinave planté à sa droite, et prononce d'un ton monocorde les anciennes formules: «Eminents notables, ordonnez à la cour de s'enclore!» Deux greffiers portant perruque se tournent vers un parterre de queues-de-pie, de chapeaux à plume et de robes en taffetas. En anglais et en gaélique, ils déclarent «la cour de Tynwald enclose» au nom de leur «gracieuse souveraine, dame la reine», et interdisent «à quiconque de se quereller, de se battre ou de commettre le moindre trouble».

Démocratie folklorique

Cela dure «depuis mille ans», affirment brochures et panneaux. Comme chaque été, Tynwald, le Parlement de l'île, se réunit en plein air autour de son suzerain ou de celui qui en tient lieu. Les badauds, les mains encombrées de glaces et de hamburgers, se répandent sur la pelouse de Saint John, posent pour la photo aux côtés de Kelly Hunt, dit «Kelly de l'île de Man», un natif de Liverpool déguisé en Viking, reprennent en choeur les chants de messe retransmis depuis la chapelle et écoutent d'une oreille distraite l'inventaire des lois votées durant l'année. C'est une fête folklorique qui se voudrait nationale, un exercice démocratique autant qu'une réunion de famille. Selon une coutume élevée au rang de Constitution, un texte ne peut être promulgué s'il n'a pas été lu à haute et intelligible voix sur ce tumulus recouvert de gazon appelé lui aussi Tynwald, site qui remonte à l'âge du bronze, lisse et vert c