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Libération

Radars sur le détroit de Gibraltar.

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Madrid y érige des tours électroniques pour détecter les clandestins.
publié le 22 août 2001 à 0h27

Tarifa envoyé spécial

Exténué, le sergent éponge son front ruisselant. En cette fin de matinée caniculaire, il vient juste de s'accorder une courte pause dans un chiringuito, une de ces paillotes qui bordent la côte sauvage de Tarifa, séparée de seulement 14 kilomètres du Maroc. Depuis les premières heures de la nuit, lui et ses collègues de la garde civile n'ont pas chômé. Préférant garder l'anonymat, il raconte : «On a eu une première alerte vers 2 heures du matin. Ma patrouille a pu arrêter une embarcation en mer. Mais on est arrivés trop tard, elle faisait déjà le voyage de retour vers Tanger après avoir déposé une cinquantaine de clandestins. On a mis la main sur le "patron", c'est déjà cela.» L'activité policière a tout de même été fructueuse cette nuit-là : 246 immigrants interceptés en pateras, ces embarcations ­ jadis en bois, et désormais de type Zodiac ­ qui, en deux heures de traversée, peuvent rejoindre la côte espagnole près de Tarifa. Depuis le début de l'année, les forces de sécurité ont arrêté 8 500 immigrants, deux fois plus que pendant toute l'année 2000. Pour l'immense majorité, il s'agit de Noirs africains, souvent laissés en liberté, et de Marocains, lesquels sont rapatriés illico dans leur pays.

Impuissance. «Au premier abord, cela paraît efficace, poursuit le sergent. En fait, je suis convaincu que le double d'immigrants parvient à passer. Que voulez-vous faire ? Nous avons trois patrouilles, un hélicoptère, plus le matériel des forces maritimes. En fac