Sur la mappemonde, ce ne sont que des poussières de pays, à peine décelables à l'oeil nu. République ou monarchie, principauté ou duché, ces micro-Etats cultivent leurs particularismes avec ténacité et indépendance.
Bottes montantes, minijupe bleu ciel et cheveux teints en blond, Sithandiwe semble sortir tout droit d'un clip de rap. Loin, très loin des clichés montrant les femmes swazies en tenue traditionnelle. Etudiant, comme elle, son petit ami Melusi affectionne de son côté un accent américain assorti à la marque de son survêtement. La perspective de voir sa belle retourner cette année à l'Umhlanga, la «danse des roseaux», ne l'enchante guère. Cette tradition veut que le roi choisisse ses épouses lors de cette cérémonie annuelle, qui rassemble toutes les filles nubiles du royaume. «Qu'est-ce qu'on fera si le roi remarque Sithandiwe?», se demande Melusi.
Sithandiwe est membre de la famille royale des Dlamini, un clan très étendu. Ce fardeau lui suffit bien. Comme tous les Dlamini, elle est régulièrement mise en boîte pour l'arrogance et les abus de privilèges qui vont de pair avec son rang. Yeux baissés, elle laisse Melusi expliquer à sa place qu'elle n'a aucune envie de devenir reine. Déjà, l'an dernier, elle a tout fait pour ne pas aller à la danse des roseaux, prétextant une maladie. Son père lui en a finalement intimé l'ordre, pour ne pas couvrir la famille de honte. «Au Swaziland, on ne se dispute jamais avec ses parents, commente Melusi. La société ne l'accepte pas.»