Pékin envoyé spécial
Pratiquer le capitalisme sans qu'il y paraisse: tel est, depuis près de vingt ans, le discret mot d'ordre du Parti communiste chinois (PCC). Aussi, en éventant ce secret de polichinelle, son secrétaire général, Jiang Zemin, ne s'attendait-il pas à provoquer une levée de boucliers. Annoncé dans un discours le 1er juillet, son projet de laisser entrer les «entrepreneurs privés» dans le Parti suscite pourtant une sérieuse opposition. La fronde a amené Jiang Zemin à faire fermer, ce mois-ci, l'important mensuel conservateur Recher che de la vérité, à censurer plusieurs sites Internet dont se servait la gauche orthodoxe et à lancer une grande campagne de propagande dans les médias afin de faire accepter sa révision abrupte de la charte du PCC.
Pétition. La résistance est menée par des personnalités de la vieille garde qui crient à la «trahison», brandissent l'anathème en taxant Jiang de «Gorbatchev chinois», tout en exigeant de lui une «autocritique». Parmi les meneurs figurent l'ancien secrétaire personnel de Mao Zedong, Deng Liqun (87 ans), ainsi que quatorze autres vétérans. Leur détermination se double d'un certain sens de la provocation: fin juillet, alors que les hommes du Politburo commençaient à débattre en con clave de l'initiative audacieuse de Jiang dans la résidence balnéaire officielle de Beidaihe, les «orthodoxes» ont tenu un «contre-sommet» simultané, dans une autre station balnéaire, Qinhuangdao, distante d'à peine quelques kilomètres de la prem