Lorsque le Carib Breeze accoste au port de Charlestown, sur l'île de Nevis, trois quarts d'heure après avoir quitté Basse-Terre, capitale de Saint-Kitts, on s'attend bêtement à trouver, au milieu des palmiers, une petite ville proprette aux rues bordées d'immeubles de verre et d'acier et parcourues par des cadres en costume élégants... Nevis n'est-elle pas «l'un des dix premiers centres de la finance off-shore du monde»?
Mais non. Charlestown est un village du tiers monde. Les rues sont pleines de poules et de nids de poule. Il flotte une odeur de fin d'orage et de mangue. La musique (reggae, calypso) s'échappe des vitres ouvertes des vieilles camionnettes qui passent. Une vieille vend des bananes, assise sur le trottoir, des écoliers en uniforme vert se poursuivent. Sur quelques maisons coloniales, vétustes mais belles, avec un rez-de-chaussée en pierre volcanique et un premier étage en bois, des plaques ont été posées, incongrues: First Group Holding Ltd, International Financial Services Ltd.. Il fait chaud.
Nevis, 9 000 âmes, est l'une des deux îles confettis qui forment le plus petit pays des Amériques, la Fédération de Saint-Kitts-et-Nevis (45 000 habitants), au nord-est des Caraïbes. Mais les Néviciens jugent leur pays encore bien trop grand: la majorité d'entre eux rêvent de faire sécession de Saint-Kitts, leur métropole. En juin, le Premier ministre de Nevis, Vance Amory, a promis que l'indépendance resterait sa priorité en cas de réélection, lors du scrutin prévu au p