Hébron envoyée spéciale
Balayé par un vent chargé de poussières, le sommet de la colline d'Abu Sneineh est l'attraction des Palestiniens d'Hébron. Sur les ruines de la maison dynamitée dans la nuit par les soldats israéliens, les hommes amènent leurs fils et retrouvent leurs voisins. Entre trois structures en acier calcinées, des jeunes ont planté deux drapeaux qui claquent en s'entremêlant: le jaune du Hezbollah et le vert du Hamas. «Si tous les Arabes étaient comme ceux du Hezbollah, Israël disparaîtrait vite», marmonne un vieux. Tous ont le regard fixé sur la colline d'en face où stationnent des chars israéliens, canons braqués sur eux et, plus bas dans la vallée, sur Abraham Avinou, cette enclave où vivent retranchés 400 colons juifs et où, jeudi soir, un Israélien de 11 ans a été touché par des snipers palestiniens cachés, selon l'armée, au sommet de cette colline.
«Vous êtes d'où?», s'inquiète un habitant. «Si vous êtes américain, vous partez. Les Américains sont les ennemis des Palestiniens.» La nuit a été si longue, avec des tirs incessants, que les hommes sont à cran. L'incursion menée dans cette zone palestinienne par les soldats israéliens, entre jeudi et vendredi, a été la plus importante depuis la signature des accords de 1997 par lesquels Tsahal avait accepté de se retirer d'environ 80 % d'Hébron. Selon un témoin, deux à quatre chars accompagnés d'une quinzaine de véhicules blindés ont pénétré là vers 23 heures, alors que les hélicoptères faisaient le guet. Vers