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Libération

«Des exécutions pour faire peur»

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publié le 27 août 2001 à 0h28

Bangkok de notre correspondant

Emprisonné depuis cinq mois à Bangkok, Abdelkader Tigha, ancien cadre du DRS (Département du renseignement et de la sécurité), l'ex-Sécurité militaire algérienne, tente d'obtenir un statut de réfugié politique, afin d'éviter d'être refoulé dans son pays d'origine. «Ce serait la catastrophe», considère ce déserteur de l'armée, persuadé qu'il y serait torturé et exécuté. En attendant le résultat de sa requête, actuellement en cours d'appel à Genève, l'ancien chef de brigade du DRS veut «éclairer [s]es interlocuteurs sur ce qui se passe en Algérie». Il raconte son travail au sein du bureau du DRS dans la région de Blida, à une cinquantaine de kilomètres d'Alger, de 1993 à 1997, les années les plus noires de la «sale guerre».

«Exploitations». Tigha, 33 ans, affirme qu'il était chargé «d'identifier, de localiser et d'évaluer le degré d'implication» des sympathisants présumés des Groupes islamiques armés (GIA) dans cette ville, siège de la plus grande région militaire d'Algérie, devenue terre de prédilection des islamistes au début des années 1990. Après quoi, il transmettait les dossiers au service de police judiciaire militaire, chargé des «exploitations» (interrogatoires sous torture systématique) et des exécutions. «L'ordre d'éliminer toutes les personnes interpellées a été donné pendant l'été 1993 par le général Smaïn Lamari, chef de la lutte antiterroriste», affirme-t-il. Il confirme ainsi pour la première fois les informations qui avaient circul