Karabache envoyée spéciale
Peu importe que la montagne soit chauve et les rivières brunies. S'il est une chose qui agace les 16 000 habitants de la petite ville minière de Karabache, dans l'Oural, c'est qu'on leur rappelle que leur commune figure dans les annales de l'ONU comme l'une des villes les plus polluées d'Europe, voire du monde. «En Russie, il existe 186 autres villes déclarées, comme la nôtre, en état de catastrophe écologique», s'insurge la rédactrice en chef du journal local, en invitant les visiteurs à sortir du périmètre pollué par la fonderie de cuivre locale pour admirer la beauté des sites alentour.
Référendum. Il fut pourtant un temps où les vapeurs de soufre et les pluies acides avaient dressé la population de Karabache contre le pollueur local. C'était à l'époque de la perestroïka gorbatchévienne, quand les vents nouveaux soufflant sur la Russie avaient mis l'écologie au premier plan. Finalement consultés par référendum, les habitants optèrent pour la fermeture de la fonderie. Ce qui fut fait en 1991. Mais la ville qui se mourait des fumées toxiques fut atteinte d'un autre mal, tout aussi pernicieux: le chômage. Lequel entraîna une nouvelle vague de dépopulation. Entre Charybde et Scylla, la mairie a finalement choisi d'accepter la réouverture de l'usine, relancée en 1998 après avoir été privatisée par un investisseur de la ville voisine de Kychtim, bien en cour auprès de l'administration régionale. «La population a compris que la fermeture n'était pas la m