La «guerre à la drogue» est-elle sur le point de perdre son chef d'état-major? La question semble avoir été au coeur de l'entretien qu'ont eu, lundi à Salzbourg, Kofi Annan et le très controversé directeur du BCDPC (Bureau pour le contrôle des drogues et la prévention du crime de l'ONU), Pino Arlacchi. Selon des rumeurs récurrentes mais toujours démenties, le secrétaire général de l'ONU souhaiterait qu'Arlacchi ne brigue pas de second mandat en février. Car celui que l'on présentait il y a peu comme le symbole d'une ONU réformée et conqué rante est aujourd'hui l'objet d'une vaste polémique. Pas moins de trois audits internes ont ainsi confirmé l'«extrême centralisation et la manière arbitraire avec laquelle le directeur gère le Bureau». Les donateurs s'inquiètent: en avril, les Pays-Bas, sixième bailleur de fonds de l'agence, ont gelé leur financement en attendant des explications.
Eradiquer. En nommant Arlacchi, en septembre 1997, Annan entendait redonner du lustre à l'une des agences les plus déconsidérées de l'ONU. Sociologue, ancien élu communiste italien, Pino Arlacchi, 50 ans, est depuis une dizaine d'années considéré comme l'un des héros de la lutte contre la Mafia italienne. A Vienne, siège du BCDPC, il entend bousculer les habitudes, mène d'ambitieuses réformes, lance de spectaculaires projets et s'attire la sympathie des médias avec un slogan: «Un monde sans drogue, c'est possible.» Slogan qui lui vaudra, en juin 1998, une véritable consécration lors de la session s