Menu
Libération

Sierra Leone: «Quand j'avais mon arme, j'avais à manger»

Article réservé aux abonnés
Rebelles et miliciens rendent leurs armes à l'ONU, mais la réinsertion s'annonce difficile dans ce pays ruiné par la guerre.
publié le 29 août 2001 à 0h30

Koidu envoyée spéciale

A Koidu, fief de la rébellion sierra-léonaise dans les collines de l'est du pays, des gamins torse nu farfouillent dans des trous remplis d'eau brune. Ils cherchent des diamants, sous l'oeil indolent des Casques bleus pakistanais de la Minusil, la mission des Nations unies en Sierra Leone. Au loin résonne soudain un air martial: 250 rebelles du RUF (Front révolutionnaire uni), marchant au pas, vont rendre leurs armes en chantant. «Ils sont contents, ils vont pouvoir se reposer maintenant, et nous aussi, grâce à Dieu», lance un vieil homme sur le bord de la route de terre rouge. Pour la première fois en dix ans de guerre civile (1), le RUF désarme dans l'un de ses bastions, en plein bassin diamantifère, source première de financement du mouvement. La milice progouvernementale, les Kamajors, lui emboîte le pas, conformément à l'accord de paix passé entre les rebelles et le président Kabbah, en novembre 2000. Joggings ou shorts crasseux, tee-shirts et casquettes américaines, les guerriers se rangent en file. Le plus jeune a 8 ans, une grenade dans chaque main. Un à un, ils tendent aux Casques bleus kalachnikovs, lance-grenades et bandes de munitions. Trois lascars essaient de se faire enregistrer en présentant quelques obus. Recalés. «On leur demande de rendre deux armes pour trois combattants», explique le major Mark Pope, observateur militaire de l'ONU chargé de la démobilisation des quelque 5000 combattants de la zone. «C'est un bon ratio pour obtenir à