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Libération

Blair, artisan de la misère étudiante

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En trois ans, la suppression des bourses a fait tripler la dette des élèves.
publié le 31 août 2001 à 0h31

Londres intérim

Mai 1997, Tony Blair devient Premier ministre après dix-huit ans de pouvoir conservateur. Un vent nouveau souffle sur le pays. Presque l'euphorie. Quelques mois plus tard, le gouvernement travailliste décide de supprimer les bourses aux étudiants et de les remplacer par des systèmes de prêts. Les conservateurs s'en lavent les mains et les travaillistes, même les radicaux de longue date, vivent toujours dans l'éblouissement de leur raz de marée électoral. Finalement, la résolution passe comme une lettre à la poste. A noter que les Parlements d'Ecosse et du pays de Galles choisissent discrètement de ne pas appliquer la réforme.

Paradoxe criant. Quatre ans après, la situation des étudiants en Angleterre prend un tour pour le moins inquiétant. «En France, vous diriez sans doute "catastrophique", mais ici nous adorons manier les euphémismes», commente Alice, thésarde à l'université de Warwick. L'étudiant britannique se retrouve le plus endetté d'Europe avec une dette moyenne de 143 000 francs (21 800 euros) après trois ans d'études en université ­ institution d'Etat ­ selon le syndicat national des étudiants, le National Union Students. Et pourtant, 42 % d'entre eux travaillent à temps partiel, au moins 15 heures par semaine, durant les trois années qui les mènent à l'obtention de leur B.A. ou B. Sc. (Bachelor of Arts ou Bachelor of Sciences, l'équivalent de notre licence).

Etudes et bilans commencent à faire la lumière sur l'un des paradoxes criants de la politique