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Libération

New Delhi s'accroche à ses castes.

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L'ONU s'inquiète des discriminations à l'égard des intouchables.
publié le 31 août 2001 à 0h31

New Delhi correspondance

C'est un village sans âme qui suinte l'ennui, loin de l'image bucolique des «belles campagnes indiennes» chère aux touristes. Situé en Haryana, un Etat agricole prospère, à 80 km seulement de Delhi, l'orgueilleuse capitale, Akbarpur n'en est pas moins ­ comme des milliers d'autres hameaux du sous-continent ­ hermétiquement divisé en deux quartiers: celui des familles des castes supérieures aux maisons en brique, et celui des intouchables ­ les dalits, les opprimés, comme on les appelle désormais en Inde ­ aux habitations en boue séchée. La litanie des vexations que subissent les basses castes semble sans fin: les ordures jetées dans leur quartier; l'instituteur qui décourage les élèves intouchables de venir en classe, les ridiculisant devant leurs camarades et les obligeant à balayer l'école; les femmes de ménage qui n'ont pas le droit de boire de l'eau chez leur patron... C'est aussi la haine d'un père qui, demandant une avance sur salaire, s'entend répondre par le propriétaire terrien: «Envoie-moi ta fille ce soir. On trouvera une solution.» A quelques kilomètres de là, dans le temple jaïn de Mainangla, le prêtre refuse d'installer des toilettes avec chasse d'eau: «Ce système tuerait les bactéries, ce qui est contraire au jaïnisme. Il vaut mieux appeler un Bhangi, une basse caste de vidangeurs.» Bienvenu dans la réalité des relations intercastes de l'Inde d'aujourd'hui.

Discriminations. A en croire le porte-parole des dalits d'Akbarpur: «L'administra