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Libération

52 homos égyptiens juges pour l'exemple

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Taxés d'«impies», ils font les frais de l'anti-occidentalisme.
publié le 3 septembre 2001 à 0h42

Le Caire de notre correspondante

Il s'est recroquevillé dans un coin, le visage à demi caché sous son tee-shirt blanc. «Je le jure devant Dieu, hoquette-t-il, je ne suis pas gay, je lis le Coran, je suis innocent!» Ahmed (1) s'accroche convulsivement aux barreaux de fer. Le président du tribunal réclame avec exaspération le silence. Ils sont 52, entassés dans cette petite cage grillagée, menottés, sans même de quoi s'asseoir. Les yeux rouges et cernés, le teint maladif. La chaleur est intense. De la rue fuse un cri: «Tuez les pervers!»

«Satanistes». Ahmed dansait, le 10 mai dernier, sur le Queen Boat, une boîte cairote amarrée sur le Nil, très prisée de la communauté gay. Soudain, des policiers envahissent la salle. Ahmed est arrêté, comme la quasi-totalité des Egyptiens présents sur le bateau. La presse donne, deux jours plus tard, les détails de l'opération: la police aurait procédé à l'arrestation de 52 «satanistes», qui feraient partie d'une secte méprisant la religion islamique. Ces «impies» entretiendraient des rapports très proches avec des mouvements sionistes et organiseraient des «pèlerinages gays en Israël». Enfin, ils se livreraient à des orgies homosexuelles plusieurs fois par semaine. Photos à l'appui, le quotidien gouvernemental Al-Gomhoreya publie le nom et l'adresse des «pervers», livrant leurs familles à la vindicte populaire.

«Mon mari était seulement allé acheter des médicaments, hurle une femme voilée, prenant à partie tous ceux qui passent devant le tribun