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Libération

Les Indiens sud-africains, oubliés de l'après-apartheid

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Ils vivent isolés du reste de la population.
publié le 3 septembre 2001 à 0h42

Durban envoyée spéciale

Ils sont une cinquantaine, en bottes et ciré, agglutinés au bout d'une jetée. Cinquante à soixante pêcheurs sud-africains d'origine indienne qui lancent leurs lignes jour et nuit, sans relâche, pour attraper daurades, sardines, soles et saumons. A Durban, l'océan Indien, prisé par les surfeurs du monde entier pour ses gros rouleaux, est aussi une bénédiction pour ses habitants: la côte regorge de poisson. Le côté droit de la jetée est réservé aux amateurs. «Eux, ils ont un emploi, ce sont des commerçants, des fonctionnaires, ils viennent là juste pour le plaisir, explique un homme éméché, assis sur son seau, côté gauche. Nous, en revanche, nous n'avons que ce travail, nous survivons en vendant le poisson le matin aux hôtels du front de mer.» Des bouteilles de liqueurs fortes aident ces artisans informels à tenir toute la nuit, dans le vent frais des nuits du printemps austral. Au large, les lumières des cargos qui stationnent pour accoster dans le plus grand port d'Afrique illuminent l'horizon.

Surfeurs prioritaires. Vue de cette jetée, la conférence sur le racisme qui se déroule à moins de 500 mètres de là, sous les néons du Centre de conférences international, est un événement majeur. «Il paraît que l'Afrique du Sud est un exemple de lutte réussie contre le racisme, affirme Faruk, un ancien; mais pour nous, rien n'a fondamentalement changé.» Trois fois par an, les grandes compétitions internationales de surf privent les pêcheurs de leur gagne-pain. To