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Libération

Persécutés dès le préau au Japon.

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Pris en grippe et marginalisés, 10% des «Ijime» tentent de se suicider.
publié le 5 septembre 2001 à 0h43

Tokyo de notre correspondant

«Aimerais-tu que l'on place des cafards dans ton cartable? Que dirais-tu si on te traitait de laideron? Si on gribouillait des insultes dans ton agenda?» Dans la cour d'une école publique du quartier de Shinjuku, à Tokyo, Kimie Hirano ressasse ses questions dérangeantes devant des grappes d'ados. En ce début septembre, l'heure de la rentrée sonne pour des millions de jeunes Japonais. Les cartables sont neufs. Les uniformes ­ chemise blanche et pantalon ou jupe bleus ­ sont bien repassés. Le meilleur moment, selon Kimie Hirano, pour «secouer les esprits» et repartir en guerre contre le problème des enfants persécutés ou Ijime. A 43 ans, cette mère de famille est, avec d'autres parents, à l'origine d'un réseau unique de volontaires qui s'efforce de mobiliser enseignants et élèves contre cette pratique détestable que tous ont un jour ou l'autre côtoyée. Kimie parle et interpelle. Elle met le couteau dans cette plaie du système scolaire nippon. Bien décidée à éviter que ne se reproduise, dans les établissements qu'elle visite, la tragédie qui, un jour de 1994, lui a pris son enfant.

Pris en grippe. Kimie Hirano est la hantise du «Mombusho», le ministère de l'Education. Depuis sept ans, cette résidente de la province de Kanagawa, près de Tokyo, remue ciel et terre pour que le gouvernement agisse enfin contre le phénomène des Ijime. Avec toute l'énergie du désespoir d'une mère traumatisée. Kimie Hirano et son mari Shinya avaient un fils, Yo. En 1994, leu