Menu
Libération

«La Sale Guerre» en procès à Paris.

Article réservé aux abonnés
Le best-seller d'un ex-officier algérien au coeur d'un litige éditorial.
publié le 7 septembre 2001 à 0h45

C'est une vraie métamorphose qui s'est opérée, mercredi, devant la 17e chambre correctionnelle de Paris. Celle de Mohamed Sifaoui, un journaliste algérien réfugié en France contre lequel François Gèze, le directeur des éditions La Découverte, a porté plainte pour une interview qu'il a accordée à l'hebdomadaire Marianne.

Au printemps 2000, Mohamed Sifaoui s'était fait l'accompagnateur dans la plupart des journaux français, dont Libération, d'un officier algérien, Habib Souaïdia, qui venait de quitter l'Algérie. La révolte de ce jeune lieutenant contre la haute hiérarchie de l'armée algérienne est telle qu'elle semble le consumer. «Je veux, répète Souaïdia, témoigner sur ce que j'ai vu et vécu: les exactions commises par l'armée.» Les islamistes? «Je les ai combattus, je les déteste, rétorque-t-il. Mais je suis un militaire et je veux parler de ce que je connais le mieux, de ce qu'on nous fait faire.» Dans son sillage, Mohamed Sifaoui, intarissable, surenchérit contre l'armée, théorise sur les raisons qui, selon lui, amènent les généraux «à tuer». Quinze mois plus tard, c'est bien le même homme qui témoigne devant la cour. Mais le discours a changé. «Quand j'ai rencontré Souaïdia, il voulait dénoncer les violences commises par les islamistes et par l'armée. Moi aussi», affirme-t-il, toujours intarissable.

Choc. Ce double langage pourrait n'être qu'un épisode de la tragédie algérienne s'il ne visait à remettre en cause un témoignage capital: celui de Habib Souaïdia, premier milit