à Pékin
L'année 1976 fut terrible pour la Chine. Le 8 janvier, Zhou Enlai, le pragmatique Premier ministre de Mao, disparut le premier. Le 25 juillet, le tremblement de terre le plus meurtrier du XXe siècle frappa la ville de Tangshan, faisant officiellement 240 000 victimes, sans doute bien plus. Et le 9 septembre, Mao Zedong, le maître absolu du pays le plus peuplé du monde, mourut à son tour, après près de vingt-sept ans de règne.
Un quart de siècle après sa mort, si Mao ne fait plus l'objet du culte de Dieu vivant qu'il avait su créer à l'époque, il reste un personnage respecté et admiré par une très grande partie de la population. Y compris, de manière plus étonnante, par les jeunes qui ont grandi dans une société radicalement différente (lire page suivante).
Le fantôme du Grand Timonier continue incontestablement de peser sur le destin du 1,3 milliard de Chinois. Si ses successeurs se sont empressés d'entraîner la Chine, avec succès, dans la direction opposée sur le plan économique, ils se sont bien gardés de renier le père de la République populaire: ils auraient couru le risque de se déligitimer. Dès lors, l'historiographie officielle a été soigneusement aménagée: lors des 80 ans du Parti communiste, en juillet, Mao fut loué pour son rôle dans la «libération» du pays et la victoire de 1949, bien plus que pour les réalisations de ses 27 années suivantes, tandis que Deng Xiaoping se voyait créditer du décollage économique, et l'actuel numéro un, Jiang Zemin, du mérite d'a