Menu
Libération

Au Japon, l'armée reprend du galon

Article réservé aux abonnés
Au fil des ans, elle a élargi son champ d'action et s'est forgé une image positive.
publié le 11 septembre 2001 à 0h47

Tokyo de notre correspondant

Sous un soleil de plomb, Makato Hirose rajuste ses Ray-bans sous le fuselage gris de son avion de chasse frappé du soleil levant. A 25 ans, ce lieutenant appartient à l'élite des pilotes nippons. Son escadrille vient d'être dotée des derniers F2, la version japonaise du F16 américain. Pour la journée portes ouvertes annuelle de la grande base aéronavale d'Atsugi, près de Tokyo, l'...tat-major japonais a bien fait les choses. L'équipage d'un hélicoptère de secours dispute la vedette à l'une des rares femmes sous-officier dans la marine. Un capitaine des Rangers ­ une unité d'élite ­ déplie les photos de ses commandos au visage noir de suie. Les vétérans venus en touristes boivent du petit lait: «Un pays sans armée est un pays sans âme», tonne un septuagénaire, élève-officier lorsque la guerre du Pacifique s'acheva, en août 1945. «Voir ces jeunes en uniforme et leur succès auprès du public me redonne le moral.»

«Jietai» et non «Guntai». L'armée japonaise? L'expression déstabilise les uniformes blancs, kaki et bleus égayés sur le tarmac de la base d'Atsugi. Officiellement, la deuxième puissance économique mondiale n'a que des Forces d'autodéfense, créées en 1954 avec la bénédiction des ...tats-Unis, en tordant le bras de la Constitution pacifiste dont l'article 9 dicte que le Japon renonce pour toujours à la guerre et prohibe toute force maritime, terrestre ou aérienne. Exit donc le terme nippon «Guntai» (armée), remplacé par le commode «Jietai» (Forc