Minsk envoyée spéciale
Quelle que soit l'ampleur de la fraude, difficile à prouver dans un système aussi opaque, le très autocrate Alexandre Loukachenko, qui a décroché hier un second mandat présidentiel, jouit toujours d'une réelle popularité. Son verbe haut, ses manières de défi, tant vis-à-vis de l'Occident que de la Russie, et sa démagogie sociale, qui l'avait porté au pouvoir en 1994, font toujours recette dans ce pays qui flirte avec la restauration soviétique.
La Russie, le repoussoir. Vétérans de la Seconde Guerre mondiale, retraités et ouvriers-paysans des fermes collectives, tous nostalgiques, constituent le socle de sa base électorale. Cette frange d'inconditionnels, selon les estimations des sociologues, représente 30 à 40 % de l'électorat. «20 % des électeurs biélorusses sont des retraités, explique l'analyste Alexandre Fedouta, président du Centre de technologies sociales. Et les retraites, bien que peu élevées, sont toujours payées entièrement et à temps. 30 % de la population vit au village. Ces gens ne ressentent pas la hausse des prix des produits alimentaires. Et chacun se fiche de savoir qui est le roi.» Profondément conservatrice, cette population suit sans peine les consignes de vote données par le directeur du kolkhoze ou le maire du village.
Elite minoritaire. Dans ce pays sans oligarques et sans criminalité, Loukachenko sait aussi habilement jouer de l'exemple russe comme d'un repoussoir. Très liés à la Russie voisine par d'innombrables liens familiaux,