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Interview

Shireen Mazari : «Il y aura d'autres Ben Laden»

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Quelle riposte ? Au Pakistan, le pouvoir face aux islamistes Shireen Mazari, de l'Institut pakistanais d'études stratégiques :
publié le 19 septembre 2001 à 0h51

Shireen Mazari est la directrice de l'Institut pakistanais d'études stratégiques, basé à Islamabad. Editorialiste, elle est aussi très écoutée par le pouvoir pakistanais.

Le Pakistan a toujours été le principal soutien des taliban. Quel est aujourd'hui son degré d'influence sur le régime islamiste?

N'oubliez pas que les Américains eux aussi ont soutenu les taliban au milieu des années 90, tout simplement parce que, pour Washington, il s'agissait de faire contre-poids à l'Iran et à l'Irak. Ce soutien a duré jusqu'au jour où les taliban ont accueilli Oussama ben Laden (en 1996, ndlr). Le Pakistan a certes soutenu les taliban et souhaite bien entendu un régime ami à Kaboul mais, d'une manière plus générale, Islamabad a toujours reconnu les pouvoirs en place à Kaboul, même du temps de l'occupation soviétique. Malgré notre appui, les taliban ne nous ont pas laissé la moindre marge de manoeuvre. Chaque fois que nous avons tenté de les influencer, essayant par exemple de les convaincre d'épargner les statues bouddhistes de Bamiyan, ils ne nous ont pas écoutés. Nous leur avons demandé d'extrader des personnes coupables d'actes terroristes au Pakistan, là encore en vain. Aujourd'hui, si le seul choix qui nous est laissé est entre notre soutien aux taliban et la survie du Pakistan, bien entendu ce sont les intérêts de la nation qui l'emportent.

Les services secrets pakistanais, l'ISI (Inter Services Intelligence) ne disposent-ils pas pourtant d'une influence très forte sur ceux-ci?

L'ISI disposait, jusqu'à un certain degré, d'une influence sur eux mais personne ne peut influencer les Afghans au-delà d'un certain point. Nos moyens de pression ont été très limités.

Assiste-t-on à la fin du régime des taliban?

Cela se serait produit de toute manière. Ce n'était qu'une question de temps. Même avant