Historien marxiste dont l'oeuvre immense tourne autour de la mise en perspective de la révolution industrielle et des utopies et barbaries qui en ont été le fruit, Eric Hobsbawn, 84 ans, a toujours été attentif aux soubresauts qui traversent et donnent sens aux grands événements. Dans «l'Age des extrêmes: histoire du court XXe siècle» , son dernier livre paru tardivement en français aux Editions Complexe, il soulignait l'instabilité des «arrangements mondiaux» dix ans après la chute du communisme. Il s'exprime ici dans une interview parue dans le quotidien italien «La Repubblica» le 18 septembre.
La dévastation de New York sonne-t-elle le vrai début du nouveau siècle ou mieux, «la première guerre du nouveau siècle», pour reprendre la formule de Bush?
La dévastation de New York signe peut-être le début du XXIe siècle en ce sens qu'elle en constitue le premier événement à caractère vraiment mondial, porté à la une des journaux de la terre entière. Mais, en l'état actuel des choses, il ne s'agit pas d'une guerre. C'est un attentat terrible, résolument moderne, qui inaugure une phase d'instabilité, assez comparable à celle qui a secoué l'Europe lors de la série d'attentats contre les souverains de la fin du XIXe siècle. C'est la réaction des Etats-Unis qui décidera s'il s'agit ou non d'une guerre. Mais une guerre contre qui? Voilà le vrai problème. De toute évidence, ces faits méritent une riposte. Et elle aura lieu, le contraire serait proprement absurde. Je crains cependant qu'il n'existe aucune solution militaire au problème du terrorisme, ou alors inefficace, sauf aux yeux de l'opinion publique. L'ennemi tentaculaire qui a fr