Elles sont assises sur un banc, devant leur immeuble. Trois grands-mères qui discutent, en cette fin de journée de septembre. On pourrait presque croire que tout est normal, si elles ne portaient autour du cou un de ces petits masques blancs, indispensables pour pouvoir respirer dans le périmètre où se dressaient il y a quelques jours encore les tours jumelles du World Trade Center.
Au-delà du trottoir, sur Harrison Street, c'est un vacarme de sirènes et d'hommes couverts de cendres qui hurlent. Deux rues plus loin, l'immeuble numéro 7 du World Trade Center brûle encore, recouvert par un nuage de fumée qui oscille entre le noir et le gris. «On avait l'habitude de se retrouver le soir, raconte Joyce Paciaccanto, appuyée sur une canne. Alors on est là. Mais on est un peu perdues. C'est comme si on ne reconnaissait plus rien. Comme si une bombe avait fait exploser le quartier. Moi, j'habite ici depuis plus de trente ans, mais plus rien ne sera jamais pareil. On a l'impression d'être à côté d'un cimetière à ciel ouvert.» Ils sont encore quelques milliers à vivre comme elles tout près de la catastrophe. Si l'ouest et le sud du World Trade Center ont été en grande partie évacués, les autorités ont permis à certains résidents des immeubles situés au nord du complexe de rester chez eux, après avoir estimé que leurs vies n'étaient pas en danger. «Un moment, au tout début, les pompiers sont venus dire qu'ils nous demanderaient peut-être de partir, mais, finalement, il n'y a eu aucun or