Le président Bush a déclaré que l'objectif des terroristes qui ont perpétré les attaques du 11 septembre «dépassait l'entendement»; et aux Etats-Unis comme en Europe, beaucoup ont du mal à comprendre les raisons d'un attentat qui excède, par sa démesure, les procédés habituels des terroristes. On a entendu de multiples interprétations quant au mobile des attaques: lutte contre un modèle de société ou contre une hégémonie (les deux faces coutumières de l'antiaméricanisme), conflit Nord-Sud, haine anticapitaliste, fanatisme religieux, lutte contre la présence américaine dans la région du Golfe, conflit israélo-palestinien, etc.
Ce qui est sûr, c'est que les Etats-Unis, le nouvel «empire du milieu», la nation qui se trouve au coeur du système international actuel, la seule puissance globale, paie infiniment plus que le prix de sa politique étrangère: elle paie pour l'ordre mondial présent dont nous sommes tous partie prenante, celui qui a rendu la globalisation possible; elle est le paratonnerre naturel de toute action visant à changer radicalement cet ordre. C'est en ce sens que les attaques du 11 septembre nous atteignent collectivement. L'Amérique paie physiquement et symboliquement pour des frustrations régionales, pour des évolutions historiques auxquelles elle a participé mais qui dépassent de très loin ce qui fut, ou ce qui est, en son pouvoir, en sa responsabilité. Car c'est bien à une tentative de remise en cause de l'ordre mondial qu'on assiste avec les attaques du Wor