Le père Martin a dit la messe dimanche au milieu des gravats du World Trade Center. «J'ai trouvé une table de bureau, il y en a plein qui traînent», explique ce jésuite quadragénaire. Depuis une semaine jour après jour, il a décidé de rencontrer les secouristes, pompiers et policiers qui recherchent contre tout espoir des survivants. «Dimanche matin une vingtaine de pompiers est venue, j'ai dit une autre messe l'après-midi.» James Martin est devenu par hasard l'aumônier des ruines, chapelain des destins fracassés. «J'y vais tous les jours, mais je n'ose pas encore regarder en face les destructions, pour moi c'est une tombe, une grande tombe, c'est effrayant, c'est énorme. Quand j'aperçois les ruines, j'ai encore un mouvement instinctif de recul, pour moi c'est trop, c'est un signe du mal, de la destruction.» Alors, Father Martin s'occupe des hommes à sa manière d'homme de Dieu, avec ses mots de curé.
Comme les secouristes, il a un casque, un blouson, un masque qui le protège de la poussière, des chaussures de chantier aux pieds. «Mais, ils voient mon col de clergyman et ils viennent me parler.» Au lendemain des attentats, ce jésuite voulait témoigner, conduire son ministère hors de sa riche paroisse de Park Avenue. Il est allé dans les hôpitaux. «Mais, il n'y avait pas de blessés, malheureusement.» C'est un policier le voyant traîner qui lui a dit: «Mon père, venez sur les chantiers, venez aider ceux qui cherchent les survivants.» Depuis, il ne peut passer une heure loin des